lundi 2 janvier 2012

Au défilé de mode musulmane : « Sois belle et tais toi »


Etre voilée et glamour, ça serait possible ?
C'était du moins le message du « Muslim Fashion Show » organisé dimanche 18 décembre dans le cadre du premier Salon international du monde musulman au Bourget.

Organisé par des femmes pour des femmes (les hommes étaient recalés à l'entrée), le défilé présentait des collections de designers des Emirats Arabes Unis, d'Indonésie, du Royaume-Uni, de France et de Tunisie.

Samia Orosemane, une comédienne à l'énergie fracassante, toute de voile (haute couture) vêtue, animait le show devant un public conquis :
« Presque 5 000 femmes d'un coup, je pense qu'il y a beaucoup d'hommes qui aimeraient être à notre place ! »

Pas d'hommes pour « se rincer l'œil »

Pourquoi des femmes seulement ? « C'était pour qu'elles soient entre elles. Il y avait des femmes non-voilées qui défilaient, donc on a limité l'entrée pour respecter l'éthique musulmane et pour qu'il n'y ait pas d'hommes qui viennent se rincer l'œil », explique Nadia Boukrourou, attachée de presse du salon.

Ambiance festive et familiale, les femmes sont venues en groupe, voilées ou non, profiter de leur moment ensemble. « J'étais fière d'être musulmane, fière d'être voilée ! », s'enthousiasme Souad, une quadragénaire d'origine algérienne venue de Villejuif, à la sortie du défilé.

    « C'était trop beau, trop classe, très joli. Et c'est du luxe, aussi. Ça montre que la femme musulmane peut être classe et en même temps voilée. »

Ilham, qui s'apprête à ouvrir sa boutique de vêtements islamiques à Orléans, est venue humer les tendances et passer un bon moment avec son amie Wissem. L'une porte le voile, l'autre non.

Sois belle, mais en restant décente

A l'honneur pour ce défilé de mode musulmane, l'Indonésie, premier pays musulman au monde avec environ 200 millions de croyants. Vêtements colorés et à motifs, les treize stylistes indonésiennes se démarquent par des tenues inattendues : chapkas, jupes longues aux influences bohémiennes, voiles transformés en couvre-chefs majestueux…

Diversité de styles qui côtoient des robes longues et amples, plus classiques, comme celles dessinées par Sara Al-Madani, de Dubaï. Très maquillée et bronzée, celle-ci porte une abaya (robe traditionnelle arabe) dont le voile est agrémenté de dentelles et divers accessoires ;

    « Les fermetures-éclair sont très à la mode en ce moment, j'en ai rajoutées sur les manches. Beaucoup de musulmans cherchent le lien entre la mode et l'islam, on est là pour le leur montrer. Ce qu'on dit c'est : “Sois belle, mais en restant décente.” »

Un lien pas évident pour tout le monde : « Cela dépend du caractère de la personne, mais on est censées porter des tenues sobres, qui passent inaperçues », explique Nour, perplexe devant les couleurs flashy des robes indonésiennes.

Tradition et gadgets de prière

Pour le reste du salon, le ton était clairement orienté vers la tradition avec comme invité-vedette le cheikh Mahmoud el-Masri, un télé-prédicateur de la chaîne égyptienne Al-Nas, souvent présentée comme de tendance salafiste.

Outre les stands de vêtements – avec des « qalmis », la tunique islamique pour hommes – , on pouvait trouver pêle-mêle livres et bâtons d'encens, des associations comme le Secours islamique, des banques venues présenter leurs tout nouveaux « prêts islamiques », des gadgets pour la prière (stylo-scanner pour lire le Coran en arabe, « e-muezzin » qui indique la direction de la Mecque et rappelle l'heure de la prière).

Organisé par l'Union des musulmans de France (UMF), le salon a attiré plus de 50 000 personnes sur trois jours. C'est le deuxième événement du genre, en dehors de la Rencontre annuelle des musulmans de France organisée par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), également au Bourget, tous les ans en avril.

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